humains
Front Line, la Fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, le
Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH) et la Coalition Ivoirienne des
Défenseurs des Droits Humains (CIDDH) expriment leur préoccupation face à l'augmentation
incessante des menaces et des actes d'intimidation à l'encontre des défenseurs des droits humains,
dans le contexte de la crise politique qui s'est ouverte suite à l'élection présidentielle du 28 novembre
2010. Au cours des trois dernières semaines seulement, au moins douze défenseurs des droits
humains et journalistes ont été menacés, arrêtés ou intimidés d'une autre manière.
Le 17 février 2011, M. Nahouala Soro, Secrétaire Général Adjoint du Mouvement Ivoirien des Droits
Humains (MIDH) et responsable de la cellule d’investigation au sein de la même organisation, a reçu
deux SMS de menace de mort, ciblant aussi sa famille. Les messages ont été envoyés via des
numéros non masqués. Le premier message était libellé ainsi: « toi et traoré [Me Drissa Traoré,
Président du MIDH] vous êtes des cadavres, on vous suit ». Le deuxième le menaçait dans les termes
suivants: « tu es cadavre ambulant on te le redit. La mort autour de toi, soit une veuve et orphelin ou
choisi d'être veuf ». Une dizaine de jours auparavant, le 6 et 7 février respectivement vers 19h et 14h,
Nahouala Soro avait reçu deux appels téléphoniques anonymes d'intimidation.
M. Traore Wodjo Fini, Président du Club Union Africaine Côte d'Ivoire (Club UA CI) et Coordonnateur
Général de la Coalition de la société civile pour la paix et le développement démocratique en Côte
d’Ivoire (COSOPCI), a reçu des menaces de mort depuis le 14 février 2011 par téléphone, à partir de
numéros anonymes. Les menaces ont fait suite à son intervention au Forum Social Mondial, qui a eu
lieu du 6 au 11 février 2011 à Dakar, où il avait animé un panel et était intervenu sur la situation en
Côte d'Ivoire.
Mme Véhi Honorine Toure, Présidente de Génération Femme du troisième Millénaire (GF3M), a reçu
des appels téléphoniques l’accusant de dénigrer le pays à l’extérieur suite à une interview qu'elle avait
donnée le 4 février 2011 à une ONG internationale travaillant pour les droits de la femme, en
compagnie de Mme Mata Coulibaly, Présidente de l’ONG SOS Exclusion.
Certains média ont aussi contribué à instaurer un climat d'intimidation à l'encontre des défenseurs des
droits humains. Le journal Notre Voie a publié récemment un article désignant des membres de la
société civile comme des partisans politiques et les accusant de demander une intervention militaire
en Côte d'Ivoire. L'article, paru le 27 janvier, cite notamment Me Geneviève Diallo, coordinatrice
nationale du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l'Espace CEDEAO (REPSFECO), Mme
Salimata Porquet, coordinatrice régionale du même réseau, ainsi que Mme Edwige Sanogo dudit
réseau.
Plusieurs journalistes font aussi l'objet de menaces, d'actes d'intimidation et d'arrestation. Depuis un
mois, au moins trois journalistes ont été arrêtés et mis en détention, et au moins quatre ont reçu des
menaces de mort.
Ces épisodes font suite à plusieurs autres qui se sont produits en décembre 2010. Après l'ouverture
de la crise politique, plusieurs défenseurs des droits humains ont fait l'objet de menaces, d'actes
d'intimidation et de destruction de leurs biens. Me Drissa Traoré, Président du MIDH, a reçu des
menaces et son domicile aurait aussi fait l'objet de plusieurs repérages. Un autre membre du MIDH,
M. Dopali Coulibaly, a été victime d'actes d'intimidation et sa voiture a été saccagée. M. Armand
Behibro Kouadio, membre d'Amnesty International Côte d'Ivoire, a fait l'objet de menaces de mort de
la part de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). M. Ibrahim Diaby,
Secrétaire Général du Syndicat National des Transports des Marchandises et des Voyageurs de la
Côte d’Ivoire (SNTMVCI), a été faussement accusé d'avoir distribué des machettes à la gare routière
d'Adjamé suite à l'organisation d'une grève du secteur du transport par le SNTMVCI.
Front Line, le ROADDH et la CIDDH demande instamment aux autorités de la Côte d'Ivoire et
aux responsables politiques et sécuritaires impliqués de:
1. Cesser immédiatement tout acte d'intimidation et de menace à l'encontre des défenseurs des
droits humains, journalistes et membres de la société civile;
2. Prendre leurs responsabilités afin d'assurer la protection effective des défenseurs des droits
humains, de leur famille et de leurs biens;
3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Côte d'Ivoire, exerçant leurs
activités légitimes de défense des droits humains, soit en mesure d'opérer sans restrictions ni
représailles.
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